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Paul Valéry (1871 - 1945)

'Just as water, gas, and electricity are brought into our houses from far off to satisfy our needs in response to a minimal effort, so we shall be supplied with visual or auditory images, which will appear and disappear at a simple movement of the hand, hardly more than a sign.'-- Paul Valéry, “ La conquête de l’ubiquité ” (1928), Pièces sur l'Art

Comme l'eau, comme le gaz, comme le courant électrique viennent de loin dans nos demeures répondre à nos besoins moyennant un effort quasi nul, ainsi serons-nous alimentés d'images visuelles ou auditives, naissant et s'évanouissant au moindre geste, presque à un signe. -- Paul Valéry, “ La conquête de l’ubiquité ” (1928), Pièces sur l'Art

Biography

Paul Valéry (October 30, 1871 - July 20, 1945) was a French author and poet of the Symbolist school.

He was born in Sète, Hérault. Living in Paris from 1892 onwards, he produced nothing for a twenty-year period, eventually breaking his silence in 1917 with La Jeune Parque. His interests were broad, including mathematics, philosophy, art and music, all of which are reflected in the corpus of his work, which also included prose and drama. Valéry's monumental "Cahiers" — notebooks he wrote every morning for fifty years — have only in the last two decades received the philosophical attention they deserve.

He was member of the Académie française, Académie des sciences de Lisbonne and Front national des Ecrivains. He died in 1945 in Paris at the age of 74 years. --http://en.wikipedia.org/wiki/Paul_Valery [Jan 2005]

La Conquête de l'Ubiquité

editor's note: please notice that in most online reproductions of Walter Benjamin's essay, Valéry's text is attributed as "Le Conquête". This should of course read "La Conquête"

"[. . .] the amazing growth of our means, and the flexibility and precision they have reached assure us of the next very deep changes in the old industry of Beauty. There is in all arts a physical part that can no longer be seen and treated as beforehand. We may expect these great novelties to transform all artistic technique, perhaps even as far as modifying the notion of art itself."
--Paul Valéry, "La conquête de l'ubiquité", 1934.

When Walter Benjamin chose this quotation by Valéry to begin his essay "The Work of Art in the Age of Mechanical Reproduction", he intended to show that the image reproduction technologies, such as photography and film, altered the heart of the artistic experience, affecting the concepts of aura, cultural value and authenticity. He believed this change was a positive one, for it unmasked the elitist ideology of western aesthetics. For Benjamin, with the advent of new image technologies, art should not be understood in opposition to the cultural industry, but within it.

This is the theoretical framework in which we plan the curatorship of this exhibition of web art at the site of the XXIV Bienal de São Paulo. If photography and film were the first to question the idea of artistic authenticity, the Internet arrived to destroy it for good. A work of art created for the Web is, by definition, infinitely reproducible. When dealing with computerized files or clones, how can one discern the fake from the original ones? The easiness to create digital copies through the Web stimulates the indiscriminate use of "references." How can one distinguish the anthropophagic appropriation of authorship cannibalism in the world of software?

The World Wide Web is a product of the overlapping of these appropriations and references. How can one work upon this network, which may often be nothing more than an entanglement of senseless threads? Would it be possible to select a few among the millions of pages (or sites) interwoven in this web that encompasses the planet? The concept of curatorship itself should be questioned in this new medium in which any person may use automatic search systems and carry out research in indexes of selected addresses.

In this way, our curatorial approach is structured as a reflection or mirroring of the web itself, a miniature web, always under construction and open to collective creation. The ties of this web are a vocabulary of signs related to anthropophagy, cannibalism and the World Wide Web. The visitor to the site will navigate through these moving words and on a click of the mouse will get to know those websites initially selected for the show. Nonetheless, the curatorial approach will be a work in progress, permanently reelaborated during the entire duration of the Bienal. The visitors will be able to indicate new sites for links to the web signs. The outcome is a participative show that invites the visitors to become curators themselves-thus raising issues on presence, monitoring, interactivity, time and space.

An anthropophagic medium par excellence, the Web absorbs all in the increasingly complex interconnection of contents produced in all corners of the globe. The Oswald de Andrade type of posture perpetuates itself in this curatorial proposal that abandons the fetish of authorship in order to be structured as a process. We thus intend to anthropophagically devour the visitor to the show; initially an observer, he is transformed in this way into a curator. Paraphrasing the "Manifesto": we are only interested in that which is not ours.

Ricardo Ribenboim (curador) e Ricardo Anderáos (curador adjunto) --http://www1.uol.com.br/bienal/24bienal/web/ricardo.htm

Links

  • http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/classiques/Valery_paul/conquete_ubiguite/conquete_ubiquite.html
  • http://histv2.free.fr/litterature/valery.htm

    Texte de Paul Valéry

    source: http://www.if.usp.br/louvre/francais/magazine/conquete.htm

    Voici près de cinquante ans que Paul Valéry a disparu.

    Dans un texte visionnaire, publié initialement en 1928 aux Editions du Tambourinaire dans un ouvrage collectif.
    De la musique avant toute chose, Paul Valéry éclaire par une analyse limpide le nouveau statut de l'oeuvre d'art à l'heure de l'ubiquité, nous dirions aujourd'hui à l'heure de sa virtualité.


    Ce texte nous invite à méditer sur les dangers que font courir à notre ancien concept de culture les développements actuels des réseaux et de la société de loisirs et sur les ambiguïtés que recèlent les entreprises modernes de déréalisation qui réduisent l'oeuvre d'art en objet de notre volonté de puissance.

    La conquête de l'ubiquité

    de Paul Valéry (1871-1945) dans Pièces sur l'Art

    Nos Beaux-Arts ont été institués, et leurs types comme leur usage fixés, dans un temps bien distinct du nôtre, par des hommes dont le pouvoir d'action sur les choses était insignifiant auprès de celui que nous possédons. Mais l'étonnant accroissement de nos moyens, la souplesse et la précision qu'ils atteignent, les idées et les habitudes qu'ils introduisent nous assurent de changements prochains et très profonds dans l'antique industrie du Beau. Il y a dans tous les arts une partie physique qui ne peut plus être regardée ni traitée comme naguère, qui ne peut pas être soustraite aux entreprises de la connaissance et de la puissance modernes. Ni la matière, ni l'espace, ni le temps ne sont depuis vingt ans ce qu'ils étaient depuis toujours. Il faut s'attendre que de si grandes nouveautés transforment toute la technique des arts, agissent par là sur l'invention elle-même, aillent peut-être jusqu'à modifier merveilleusement la notion même de l'art.

    Sans doute ce ne seront d'abord que la reproduction et la transmission des oeuvres qui se verront affectées. On saura transporter ou reconstituer en tout lieu le système de sensations - ou plus exactement, le système d'excitations - que dispense en un lieu quelconque un objet ou un événement quelconque. Les oeuvres acquerront une sorte d'ubiquité. Leur présence immédiate ou leur restitution à toute époque obéiront à notre appel. Elles ne seront plus seulement dans elles-mêmes, mais toutes où quelqu'un sera, et quelque appareil. Elles ne seront plus que des sortes de sources ou des origines, et leurs bienfaits se trouveront ou se retrouveront entiers où l'on voudra. Comme l'eau, comme le gaz, comme le courant électrique viennent de loin dans nos demeures répondre à nos besoins moyennant un effort quasi nul, ainsi serons-nous alimentés d'images visuelles ou auditives, naissant et s'évanouissant au moindre geste, presque à un signe. Comme nous sommes accoutumés, si ne c'est asservis, à recevoir chez nous l'énergie sous diverses espèces, ainsi trouverons-nous fort simple d'y obtenir ou d'y recevoir ces variations ou oscillations très rapides dont les organes de nos sens qui les cueillent et qui les intègrent font tout ce que nous savons. Je ne sais si jamais le philosophe a rêvé d'une société pour la distribution de Réalité Sensible à domicile.

    La Musique, entre tous les arts, est le plus prêt d'être transposé dans le monde moderne. Sa nature et la place qu'elle tient dans le monde la désignent pour être modifiée la première dans ses formules de distribution, de reproduction et même de production. Elle est de tous les arts le plus demandé, le plus mêlé à l'existence sociale, le plus proche de la vie dont elle anime, accompagne ou imite le fonctionnement organique. Qu'il s'agisse de la marche ou de la parole, de l'attente ou de l'action, du régime ou des surprises de notre durée, elle sait en ravir, en combiner, en transfigurer les allures et les valeurs sensibles. Elle nous tisse un temps de fausse vie en effleurant les touches de la vraie. On s'accoutume à elle, on s'y adonne aussi délicieusement qu'aux substances justes, puissantes et subtiles que vantait Thomas de Quincey. Comme elle s'en prend directement à la mécanique affective dont elle joue et qu'elle manoeuvre à son gré, elle est universelle par essence ; elle charme, elle fait danser sur toute la terre. Telle que la science, elle devient besoin et denrée internationaux. Cette circonstance, jointe aux récents progrès dans les moyens de transmission, suggérait deux problèmes techniques :
    I. - Faire entendre en tout point du globe, dans l'instant même, une oeuvre musicale exécutée n'importe où.
    II. - En tout point du globe, et à tout moment, restituer à volonté une oeuvre musicale.
    Ces problèmes sont résolus. Les solutions se font chaque jour plus parfaites. Nous sommes encore assez loin d'avoir apprivoisé à ce point les phénomènes visibles. La couleur et le relief sont encore assez rebelles. Un soleil qui se couche sur le Pacifique, un Titien qui est à Madrid ne viennent pas encore se peindre sur le mur de notre chambre aussi fortement et trompeusement que nous y recevons une symphonie. [...]

    Il me souvient ici d'une féerie que j'ai vue enfant dans un théâtre étranger. Ou que je crois d'avoir vue. Dans le palais de l'Enchanteur, les meubles parlaient, chantaient, prenaient à l'action une part poétique et narquoise. Une porte qui s'ouvrait sonnait une grêle ou pompeuse fanfare. On ne s'asseyait sur un pouf, que le pouf accablé ne gémît quelque politesse. Chaque chose effleurée exhalait une mélodie.
    J'espère bien que nous n'allons point à cet excès de sonore magie. Déjà l'on ne peut plus manger ni boire dans un café sans être troublés de concerts. Mais il sera merveilleusement doux de pouvoir changer à son gré une heure vide, une éternelle soirée, un dimanche infini, en prestiges, en tendresses, en mouvements spirituels. Il est de maussades journées ; il est des personnes fort seules, et il n'en manque point que l'âge ou l'infirmité enferment avec elles-mêmes qu'elles ne connaissent que trop. Ces vaines et tristes durées, et ces êtres voués aux bâillements et aux mornes pensées, les voici maintenant en possession d'orner ou de passionner leur vacance.

    Tels sont les premiers fruits que nous propose l'intimité nouvelle de la Musique avec la Physique, dont l'alliance immémoriale nous avait déjà tant donné. On en verra bien d'autres.

    Work of Art in the Age of Mechanical Reproduction

    Walter Benjamin opens his famous essay with this quote from Paul Valéry:

    Our fine arts were developed, their types and uses were established, in times very different from the present, by men whose power of action upon things was insignificant in comparison with ours. But the amazing growth of our techniques, the adaptability and precision they have attained, the ideas and habits they are creating, make it a certainty that profound changes are impending in the ancient craft of the Beautiful. In all the arts there is a physical component which can no longer be considered or treated as it used to be, which cannot remain unaffected by our modern knowledge and power. For the last twenty years neither matter nor space nor time has been what it was from time immemorial. We must expect great innovations to transform the entire technique of the arts, thereby affecting artistic invention itself and perhaps even bringing about an amazing change in our very notion of art.

    Paul Valéry, 'La conquête de l'ubiquité' (1928), Pièces Sur l'Art

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